Du bleu. Du rose. Un peu de jaune. Un soupçon d’orange.
Et du rouge. Sang, profond, carmin ou pourpre. Encore. Beau-
coup. Comme une toile de fond. Ou un rideau. Ce mystérieux
rideau rouge, qui s’entrouvre et se referme, lourd de velours, tissé
de reflets changeants, tour à tour profond et lumineux…Le rideau
rouge, c’est l’autre bord du monde, une frontière souple et infran-
chissable pour le non initié, un seuil flamboyant où s’inventent
et se dissimulent les sortilèges.
Initiation.
Le cirque n’est finalement qu’une patiente cérémonie, où les uns
éprouvent l’énergie des autres, dans une ronde sans fin, accomplie
à l’ombre d’une toile tendue ou sous une coupole de bois et
d’acier. Étymologiquement, le mot cirque vient du latin
circus
,
cercle, et désigne à la fois un lieu et un spectacle. Le cirque
moderne est né à Londres en 1768 à l’initiative d’un militaire
démobilisé, le sergent-major PhilipAstley (1742-1814). Avec lui
débute une aventure spectaculaire où des hommes et des bêtes
vont accomplir ensemble d’étranges prouesses, où de magni-
fiques cirques stables construits tout au long du
XIX
e
siècle
disparaîtront pourtant progressivement pour laisser la place à des
structures de toile toujours plus vastes. C’est une histoire de
chevaux et de cavaliers, une épopée flamboyante au cours de
laquelle des hommes et des femmes maîtriseront le vide et
parviendront à voler, où les objets s’affranchiront de la pesanteur
et où tous les publics de la terre s’émerveilleront des mêmes
exploits, inlassablement répétés…
Depuis deux cent quarante et un ans, le cirque se plie et se déplie
quotidiennement, qu’il s’agisse de ses toiles ou de ses acrobates,
depuis ce jour où tout a commencé, lorsqu’un homme vêtu de rouge
et botté de cuir s’est élancé debout sur un cheval au galop, dans un
simple cercle tracé dans l’herbe et la poussière au bord d’un fleuve,
devant un parterre de spectateurs éblouis et admiratifs.
Synthèse de l’académisme équestre et des pratiques saltim-
banques, initié par un jeune sous-officier de cavalerie, le cirque
moderne s’est codifié en quelques décennies, portant sur les fonts
baptismaux du divertissement une nouvelle forme artistique où
les écuyers sont rois. Très vite, le cirque offre à un public aristo-
crate et bourgeois une mosaïque d’émotions. Issues des régiments
qui arpentent les champs de batailles, les couleurs vives qui
caractérisent les costumes et les uniformes contribuent à effacer
les tensions et accentuent la dimension joyeuse du spectacle.
Tracer
15
Blue. Pink. Some Yellow. A hint of Orange. And some red.
Blood, dark, carmine or crimson. More. A lot. Like a backcloth.
Or a curtain. That mysterious red curtain, that opens and closes,
in heavy velvet, embroidered with changing glints, both
profound and radiant… The red curtain, is the edge of the other
world, a flowing frontier that the uninitiated can’t cross,
a flamboyant doorstep at which the spells are cast or concealed.
Initiation.
Finally the circus is a patient ceremony, in which some
experience the energy of others, in an endless round, held in the
shade of a Big Top or beneath a dome in wood and steel. The
word
circus
means circle in latin, and refers to both a place and
a show. The modern circus was born in London in 1768 at the
initiative of a demobilized sergeant-major Philip Astley (1742-
1814).
With him begins a spectacular adventure in which man
and beast shall accomplish rare feats together, during which the
magnificent settled circuses that had been built all through the
nineteenth century are going to disappear progressively, giving
place to ever vaster canvas structures. It is a story of horse and
squires, a flamboyant epic in which men and women shall
master the void and manage to fly, in which objects will be
released from gravity, and all the audiences of the earth will
rejoice in front of the same exploits, countlessly repeated…
For two hundred and forty one years, the circus has been
folding and unfolding daily, should it be it’s canvas or its
acrobats, since the day it all started, when a man dressed in red
with leather boots stormed out standing on a galloping horse,
by a river, a simple square drawn with dust on the lawn, in front
of a dazzled audience.
The modern circus was codified in a few decades, a young
cavalry noncommissioned officer was the godfather to this new
synthesis of equestrian academicism and street entertainment,
a new artistic form in which the squire is king. Very fast, the
circus offers a bourgeois and aristocratic public a mosaic of
emotions.
Inherited from battlefield roaming regiments, the bright colors
of the costumes and uniforms help erase tensions and enhance
the show’s joyfulness.
That easter Monday of 1768 is an important day in human
history, it marks the birth of an artistic form than never ceased
to evolve. The circus has imposed itself all over the planet with
Le choix du cirque
The choice of the circus
Trace